Matières premières La flambée pèse sur vos charges
L’augmentation de plus de 20 % des cours de la plupart des matériaux va se répercuter sur celui des machines et des bâtiments. Des hausses de 3 à 5 % sont à prévoir dès janvier. Seule bonne nouvelle, le prix du pétrole peine à retrouver son haut niveau de 2013.
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Depuis le début de l’année, on assiste à un véritable feu d’artifice dans le secteur des métaux et de leurs alliages. Des hausses de prix de plus de 20 % sont enregistrées pour la plupart des produits. Une flambée qui aura des conséquences sur les charges de mécanisation, avec l’augmentation du prix des matériels et des pièces.
L’acier s’envole
La hausse la plus symbolique reste celle de l’acier. Même si l’incendie est un peu mieux maîtrisé depuis deux mois, l’augmentation a été brutale, avec un cours passant de 423 €/t en novembre 2016, à plus de 560 €/t au niveau le plus haut, en avril 2017. Cette hausse de 33 % est la plus violente depuis l’épisode de flambée de 2008. Comme à cette époque, la cause se situe du côté de la Chine et de son secteur du BTP. Car ce sont désormais les entrepreneurs de l’empire du Milieu qui donnent le tempo du cours de l’acier. Premier producteur et premier consommateur, la Chine se retrouve dans le rôle du pompier pyromane et maîtrise l’offre et la demande mondiale. La reprise des chantiers de construction dans tout le pays, après deux ans d’accalmie, a agité tous les marchés et provoqué cette croissance, difficile à digérer. En France, les constructeurs ne peuvent que subir et décider dans quelle proportion la répercuter.
Coup de frein aux investissements
Frédéric Martin, président d’Axema (syndicat des constructeurs et importateurs de matériels agricoles), s’inquiétait, dès le mois d’octobre, de l’impact de cette flambée sur la marge des constructeurs. Les petites structures spécialisées dans le travail du sol ou le transport, déjà très fragilisées par l’effondrement des ventes depuis la moisson 2016, sont les plus impactées. « Dans le contexte des faibles volumes de vente actuels, les constructeurs tentent de limiter l’augmentation des prix en rognant sur leur marge mais la situation ne sera pas tenable longtemps », alertait Frédéric Martin. Dont acte !
À l’heure où tous les constructeurs révisent leurs tarifs pour la campagne 2018, des augmentations de 3 à 5 % s’annoncent pour la plupart des matériels. C’est bien supérieur à la traditionnelle hausse de début d’année de 1,5 à 2 % pratiquée dans le secteur. Alors que les ventes repartent timidement, cette valse des étiquettes risque de mettre un nouveau coup de frein aux investissements. Les pièces de rechange n’y échapperont pas, ce qui ne manquera pas de gonfler un peu plus les factures d’atelier.
La hausse du prix de l’acier n’est que la partie émergée de l’iceberg. Depuis un an, tous les des métaux sont sous tension. L’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), multiplie les réunions de crise avec ses adhérents, même si, là encore, la France ne peut que subir les conséquences de la frénésie chinoise.
Les autres métaux suivent le mouvement
L’aluminium, principal composant des rampes de pulvérisation, a vu son prix augmenter de 46 % en un an. Le zinc suit la même orientation, avec une cotation à 2 230 €/t, son cours le plus haut depuis 2007. Le chrome, qui entre pour 10 % dans la composition de l’Inox, s’approche de son record de 2012, avec une revalorisation de près de 50 %. L’impact sur le prix des tubulaires et des installations de laiterie se ferait sentir dès 2018.
Tous les autres métaux de construction suivent la même tendance. Dans ce contexte, on s’attendrait à un retour en grâce du bâtiment en bois mais c’est sans compter avec l’augmentation des prix en sortie de scierie, qui affichent des hausses de 5 à 10 % tous les mois depuis avril.
Depuis dix ans, le secteur du pneumatique nous avait habitués à des baisses de tarif sur des montes et carcasses équivalentes. Ce ne sera plus le cas à partir de cette année. Les manufacturiers subissent aussi la flambée des matières premières.
7 % de plus sur les pneus
Premier coupable, le caoutchouc naturel, qui a vu son cours presque doubler à la bourse de Singapour. La cause est à chercher du côté de la Thaïlande, où d’importantes inondations ont entraîné la fermeture de plusieurs plantations. Le prix du caoutchouc synthétique grimpe aussi, tiré par la hausse du butadiène, son composant principal. La plupart des manufacturiers ont annoncé des hausses de 7 à 10 %. Les chenilles, qui incorporent une grande quantité de caoutchouc, vont subir une augmentation au moins aussi importante.
Répit sur le pétrole
Dans ce contexte très tendu, l’étincelle d’espoir vient des produits pétroliers. Certes, le prix est remonté depuis le record historiquement bas de janvier 2016, sous la barre des 30 dollars. Mais avec un baril de Brent de la mer du Nord tassé autour 58,50 dollars, le spectre du baril à 100 dollars de 2012 semble s’éloigner. Les pays de l’Opep et leur allié russe multiplient les accords afin de limiter leur production et provoquer une remontée des cours. Néanmoins, l’Ufip (Union française des industries pétrolières) constate que la remontée des prix relance systématiquement les forages aux États-Unis et au Canada, qui exploitent respectivement du gaz de schiste et des sables bitumineux. Ce jeu de poker menteur entre nord-américains et Opep fait nos affaires car il contient une montée éventuelle du prix, en augmentant les stocks.
Sur les exploitations françaises, le prix du GNR a progressé en 2017 mais reste dans une moyenne basse, à moins de 0,65 €/l hors taxe. C’est une bonne nouvelle pour les charges de mécanisation, qui demeurent un des rares leviers d’amélioration de la marge des exploitations. Malheureusement, la fiscalité pour le GNR et le fioul (Fod) va se charger d’augmenter la facture énergétique. Avec l’évolution de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) et les objectifs de la taxe carbone, les taxes sur le Fod et le GNR ont augmenté de 7 centimes d’euro par litre en trois ans. Elles pourraient gagner 8 centimes supplémentaires d’ici à 2020, si le gouvernement décide de jouer avec le feu en ne révisant pas cette fiscalité.
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